A l’approche des vacances du Nouvel An, le ministre de la santé supplie les Iraniens de rester chez eux

Vendredi 12 mars 2021

«Ne voyagez pas ! » s’évertue de répéter, depuis deux semaines, le ministère de la santé de la République islamique d’Iran. Le Conseil national de lutte contre le coronavirus est sans équivoque : il faut à tout prix éviter de se rendre dans les villes étiquetées rouges ou oranges, ni en sortir. Cela ne concerne donc qu’une cinquantaine d’agglomérations, dont la majorité se trouve au Khouzistan, le reste du pays ne semblant pas concerné par ces interdictions, à l'approche du nouvel an iranien.

Invoquant des Saints chiites, le ministre de la Santé Saeed Namaki a supplié la population d'éviter les déplacements pendant ces vacances très attendues. «Nous vous prions de ne pas voyager», a-t-il dit. «Le ministre de la Santé doit supplier, plaider, baiser les mains et les pieds, pour arriver à ses fins.»

Le 21 mars marque le passage à la nouvelle année iranienne, appelé Norouz. Au cours des 13 jours de vacances qui l’encadrent, les Iraniens ont pour habitude de rendre visite à leur famille dans tout le pays, ce qui fait craindre une nouvelle flambée de cas de Covid-19, comme cela s’était produit au printemps dernier.

Le Dr Alireza Zali, directeur du groupe de travail sur le coronavirus de Téhéran, a averti que les vacanciers attraperaient le virus, une fois de retour à Téhéran. Il a mis en garde contre les déclarations contradictoires des différents ministères sur l’attitude à tenir pendant ces vacances. Selon lui, « nous assisterons au même scénario que celui dont nous avons déjà été témoins après la réouverture des écoles à l'automne dernier et cet hiver. Il ne reste pas beaucoup de temps avant la fin de l'année, mais on ne sait toujours pas comment les voyages de Norouz vont être gérés ».

Selon le dernier rapport, une décision finale sur les restrictions de voyage sera communiquée en début de semaine.

Phase 3 des essais cliniques du vaccin cubain en Iran

Malgré le choix iranien de s’approvisionner en vaccin auprès de quatre sources distinctes, moins d'un million de doses auraient à ce jour été livrées.

La première livraison de vaccins fabriqués par la société indienne Bharat Biotech contenant 150 000 doses, est arrivé à Téhéran mercredi 10 mars. Il s'agit de la cinquième livraison de vaccins reçue à ce jour par le pays. Depuis le lancement de la campagne de vaccination iranienne, 320 000 doses du vaccin russe Spoutnik sont parvenues en trois envois, et 250 000 doses du vaccin développé par Sinopharm ont été offertes par le gouvernement chinois.

Selon Kianoush Jahanpour, porte-parole de l’autorité iranienne de gestion des aliments et des médicaments, un permis avait été délivré en urgence pour le vaccin chinois Sinopharm afin de débuter de nouvelles vaccinations rapidement. Le personnel médical le plus exposé au virus, les agents de santé, certains groupes de personnes âgées et les anciens combattants de plus de 50 ans demeurent prioritaires.

Jahanpour a également signalé que 100 000 doses du vaccin cubain Soberana 2 (qui signifit « Souverain » en Espagnol ) étaient attendus le jeudi 11 mars. Il a précisé que ces doses issues d’un projet conjoint entre l’Institut Pasteur iranien et l’Institut cubain Finlay seraient utilisées pour mener la phase 3 des essais cliniques du vaccin. En cas de succès, la production de masse du vaccin dans les deux pays pourrait alors commencer.

Données officielles 

Selon le ministère de la Santé, 100 000 tests pour la détection du Covid-19 sont actuellement réalisés chaque jour, dont 8 000 tests en moyenne seraient positifs. 8 606 tests positifs ont été enregistrés le mercredi 10 mars et 8 010 le dimanche 7 mars.

Le nombre total de décès liés au Covid-19 en Iran a atteint 61 016 le 11 mars, a annoncé la porte-parole du ministère de la Santé, le Dr Sima Sadat Lari, qui a également signalé que 3 818 patients de Covid-19 étaient actuellement soignés dans des unités de soins intensifs.

À partir de maintenant, a-t-elle déclaré, un total de 1 723 470 Iraniens ont été infectés par l’une des formes du coronavirus. Cependant, ce chiffre est probablement une estimation basse de la situation réelle car seuls 11,5 millions de tests Covid-19 ont été effectués sur une population de plus de 83 millions.

Le nombre de cas continue de grimper dans la plupart des provinces touchées par le variant britannique du coronavirus, et les services de soins intensifs sont à pleine capacité à Ahvaz, capitale du Khouzistan, la province iranienne la plus durement touchée, avec 11 villes en alerte rouge et huit villes en alerte orange. Le Dr Farhad Soltani, vice-président de l'Université des sciences médicales d’Ahvaz, a déclaré espérer que la situation s'améliore au cours des deux prochaines semaines à mesure que les restrictions récemment introduites commencerent à donner des résultats.

Depuis le début de l'épidémie de coronavirus en Iran, les restrictions n'ont jamais été appliquées de manière efficace, et le respect des protocoles sanitaires est demeuré insuffisant. Le ministre de la Santé, Saeed Namaki, a annoncé le 10 mars que les infections continuaient d'augmenter au Khouzistan et a averti que la province pouvait s'attendre à une «tempête plus horrible» que celle qui  a secoué le pays l'année dernière.

Variante de coronavirus et niveaux d'alerte

La variante de coronavirus qui a été détectée pour la première fois au Royaume-Uni s'est propagée à travers l'Iran et est responsable de certains des décès actuellement enregistrés, mais le nombre exact d'infections et de décès causés par cette variante n'est pas connu, car toutes les provinces ne sont pas équipées pour le distinguer du virus original dans les tests de laboratoire. Pour la plupart, les échantillons doivent être envoyés à l'Institut Pasteur de Téhéran pour identification, un processus peu pratique et laborieux.

Le Dr Alireza Zali, directeur du groupe de travail sur le coronavirus de Téhéran, a quant à lui demandé que les niveaux d'alerte des villes iraniennes soient ajustés en tenant compte du niveau de propagation, car la variante est beaucoup plus contagieuse et agit plus rapidement. Il a déclaré que chaque personne infectée par la souche d'origine du virus infectera, en moyenne, 1,2 personne, alors que ce chiffre passe à 2,3 chez les personnes infectées par la nouvelle variante.

Selon les derniers chiffres annoncés par le Dr Lari, 11 villes iraniennes sont actuellement en état d'alerte rouge, 32 villes en état d'alerte orange, 251 villes sont en alerte jaune et 154 sont classées en bleu. Toutes les villes en alerte rouge se trouvent au Khouzistan.

Certaines personnes n'ont pas les moyens de se payer des masques

À Téhéran, au moins 20 000 personnes essaient de gagner leur vie en vendant des produits dans la rue en raison de la situation économique difficile et certains n'ont même pas les moyens d'acheter des masques, a déclaré le Dr Zali. Il a ajouté que les problèmes économiques pourraient conduire les gens à la «désobéissance», ajoutant: «En général, il y a un grand nombre d’insuffisances dans la couverture protectrice pour les segments de la population qui sont opprimés et vulnérables. »

Les responsables de la République islamique ont affirmé à plusieurs reprises que l'Iran est désormais autosuffisant dans la production de masques et qu'il a même commencé à les exporter.

110 infirmières sont décédées du Covid-19

L'Organisation des soins infirmiers de Téhéran a annoncé que depuis le début de l'épidémie de coronavirus, 110 infirmières à travers l'Iran ont perdu la vie à cause du virus et 90 000 ont été infectées par la maladie. Téhéran, avec 26 décès et 16 000 infections, et Ahvaz ont enregistré le plus grand nombre de décès parmi les infirmières.