L'Iran s’apprête à lancer sa campagne de vaccination contre le coronavirus

Samedi 6 février

L'Iran va lancer sa campagne de vaccination contre le coronavirus d’ici une semaine, a annoncé le président Hassan Rohani samedi 6 février. « C'est une véritable raison de se réjouir » a déclaré ce dernier,  deux jours exactement après l’arrivée sur le territoire d’un premier lot de vaccin russe Spoutnik V. Cette nouvelle tombe à pic, alors que les craintes de l’arrivée d'une quatrième vague de coronavirus commencent à se faire sentir dans le pays, soit un an exactement après l’apparition des premiers cas de covid-19 avérés en Iran.

Le vaccin Spoutnik V est le seul vaccin étranger à avoir reçu le sceau d’approbation iranien. Un premier chargement de ce vaccin est arrivé à l'aéroport international Imam Khomeini de Téhéran le 4 février. Comme ailleurs, les groupes de personnes considérées les plus à risque, ainsi que les travailleurs de la santé et les personnes les plus exposées au virus, recevront les premières injections. Elles seront suivies, dans un second temps, par les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies graves. Le président Rohani a souligné que l’Iran allait recevoir toutes les doses nécessaires pour vacciner la totalité de sa population cependant, ce processus « pourrait prendre environ six mois ».

Le président iranien a précisé qu’une deuxième cargaison de vaccins russes devrait être livrée d’ici fin février mais que le pays n’était pas sorti d’affaire pour autant : « nous devons suivre les directives sanitaires pendant encore un an car l'efficacité du vaccin n'est pas totale».

L’Iran devrait aussi recevoir 4,2 millions de doses du vaccin AstraZeneca dans le cadre du programme Covax de l’Organisation mondiale de la santé. En parallèle, le pays a lancé les essais cliniques de son vaccin fait-maison fin décembre : il pourrait être disponible dès le début de l'été 2021, selon Hassan Rohani.

De nouvelles statistiques publiées la semaine dernière montrent que le respect des protocoles sanitaires dans les différentes provinces iraniennes était tombé à 81% la dernière semaine de janvier, puis à 75% la première semaine de février, entrainant une augmentation du nombre de cas, a averti Rohani. Les chiffres peu encourageants du ministère iranien de la Santé confirment cette tendance : près d’ 1,5 million de cas de Covid-19 confirmés ont été comptabilisés.

Tour d'horizon des provinces iraniennes

36 villes d'Iran sont actuellement en état d'alerte orange, 178 sont en alerte jaune et 234 sont bleues, ce dernier étant le niveau d'état d'alerte le plus bas mais pas complètement exempt de cas de coronavirus pour autant.

Alireza Raeesi, le porte-parole du groupe de travail national sur le coronavirus, a annoncé que même si aucune ville d'Iran ne se trouvait actuellement dans le rouge, le nombre de villes en état d’alerte orange avait doublé de manière inquiétante. De même, le nombre de villes en alerte jaune est passé de 130 à 178. Cette «marée douce» pourrait facilement conduire à une quatrième vague de Covid-19, a averti Raeesi, avant d’appeler les résidents des huit provinces de Hormozgan, du Khuzestan, Yazd, Gilan, Mazandaran, Golestan, Lorestan et de l’Ouest de l’Azerbaïdjan à être particulièrement vigilants.

La province de Gilan, avec trois villes en alerte orange, serait en deuxième position sur la liste des provinces iraniennes dans une situation inquiétante : à ce jour, sept villes sont en alerte orange selon le Dr Masoud Nowruzi, vice président de l'Université des sciences médicales de Gilan. Selon le Dr Nowruzi, les principaux facteurs de propagation du virus dans la province sont une augmentation du trafic, une diminution du respect des protocoles de santé, en particulier le port de masques, et une augmentation des rassemblements. «Les taxis offrent un espace limité et, compte tenu des températures hivernales, il n’est pas possible de les aérer. Le virus se transmet donc plus facilement », a-t-il déclaré. «Le conducteur et les passagers doivent porter des masques et chaque taxi ne doit pas transporter plus de trois passagers.» 450 patients étaient hospitalisés ce weekend à Gilan, dont 100 se trouvaient dans des unités de soins intensifs.

Des mouvements de population entre les régions froides du nord de l’Iran et le sud du pays ont entraîné une augmentation du nombre de patients dans ces provinces.  Le 6 février, Mohammad Ahmadizadeh, le directeur du port de Haghani à Bandar Abbas, a annoncé qu’un test négatif réalisé au plus tard 72 heures avant le voyage vers les îles de la province d’Hormozgan serait obligatoire.

Dans la province du Khuzestan, dans le sud-ouest du pays, 15 invités d’une fête d’anniversaire sur 18 ont été contaminés par le coronavirus, selon le Dr Najmeh Seyed Aghamiri qui dirige le centre de santé d'Abadan. Elle a souligné le fait qu’actuellement aucune mesure n'était prise à l’encontre des individus ne respectant pas le couvre-feu nocturne à Abadan. Elle estime que seulement 35% de la population porte un masque dans la ville, contre 80% il y a quelques semaines.

La province de Yazd est dans un état plus critique encore : 166 patients souffrant du Covid-19 étaient hospitalisés ce weekend, dont 54 en soins intensifs, selon le dernier rapport du Dr Ebrahim Soleimani, porte-parole de l'Université des sciences médicales de Yazd. Ce dernier a mis en garde que si cette tendance se poursuit un retour « aux jours les plus sombres du coronavirus » est à prévoir. Aucun décès lié au coronavirus n'a cependant été enregistré ces deux derniers jours.

À Qazvin, 197 nouveaux cas de Covid-19 ont été identifiés, parmi lesquels 35 personnes hospitalisées, portant à 219 le nombre total d'hospitalisations dans la province, selon l'Université des sciences médicales de Qazvin. 29 personnes ont été placées sous ventilateurs dans des unités de soins intensifs. Aucun nouveau décès lié à Covid-19 n'a été signalé au cours des dernières 24 heures. La province déplore actuellement 1278 morts.

Dernières statistiques sur le coronavirus en Iran

La porte-parole du ministère de la Santé, le Dr Sima Sadat Lari, a fait part des dernières statistiques officielles liées au coronavirus, établies ces dernières 24 heures, dans son briefing quotidien du 6 février :